Équanimité : abandon de l’identification et de l’interprétation
Sentir ou ne pas sentir, telle est la question.
L’équanimité n’est pas l’indifférence à l’égard des sentiments, et surtout pas le refoulement, mais le lâcher prise de l’identification et de l’interprétation. Les sentiments et les émotions sont une partie naturelle et impermanente de notre constitution. Elles ne sont pas toujours agréables, certes, mais nous ne sommes pas encore des bouddhas, alors cela fait partie du jeu. L’indifférence et le refoulement génèrent la fameuse part d’ombre jungienne, dans laquelle ils s’enveniment et influencent notre comportement de manière insidieuse.
Les agressions passives occasionnelles dans les centres du Dharma sont souvent dues à ce contournement spirituel. L’équanimité, en revanche, est une attitude bienveillante et reconnaissante à l’égard de tout ce qui se présente, mais sans créer davantage de souffrance en le transformant en « moi » ou en « mon », avec les histoires qui découlent de l’identification. Bien sûr, notre corps et notre esprit sont parfois blessés. Ce n’est ni notre faute, ni injuste. Il s’agit simplement de saṃsāra. L’intimité de l’équanimité insuffle de l’espace et de la douceur à nos problèmes sans en faire un drame shakespearien. Cette présence calme permet de « voir et savoir » et de lâcher prise lorsque nous avons entendu le message. C’est le chemin qui permet de comprendre quand et comment agir, ou ne pas agir, et de trouver la sérénité dans les deux cas.